Airbus, directement visé, a vu ses coûts de production exploser. Chaque avion exporté vers les États-Unis était taxé, réduisant sa marge bénéficiaire. Le constructeur européen a dû revoir ses modèles économiques, modifier ses flux logistiques et s’adapter à l’instabilité réglementaire. Ces ajustements ont pesé lourd dans ses stratégies commerciales.

Boeing, de son côté, semblait favorisé. Moins exposé aux importations, l’industriel américain s’approvisionne majoritairement sur le sol national. Pourtant, la situation n’était pas si confortable. Des grèves, des retards, des scandales techniques — comme celui du 737 MAX — ont fragilisé sa position. Même son contrat emblématique pour Air Force One a pris du plomb dans l’aile. Trump lui-même a évoqué la possibilité de se tourner vers d'autres fournisseurs, sans jamais considérer Airbus.

Ce climat a ravivé un vieux contentieux : celui des subventions croisées entre Airbus et Boeing. Pendant 17 ans, l’OMC a arbitré un conflit larvé entre les deux géants. Une trêve a été signée en 2021, mais l’élection de Trump pourrait bien rouvrir la plaie.

Aujourd’hui, les deux constructeurs s’adaptent. Reconfiguration des chaînes de montage, diversification des marchés, développement technologique : les cartes sont redistribuées. La rivalité s'intensifie, alimentée par des choix politiques aux conséquences mondiales.